04/01/2024
"Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre." (Bernard Werber)
Nous voici en 2024 et jamais nous n’avons eu autant d’outils de communication. Pourtant, plus nous en avons, moins nous communiquons, jusqu’à en perdre le sens même de ce mot qui nous invite profondément à tisser nos liens.
La communication se noie sous ses outils
Il y a une vingtaine d’années, j’ai choisi de faire des études de communication. Je ne vais pas vous faire le coup de la vocation, ça n’en était pas une, ça m’attirait sans savoir ce que j’allais en faire. Là encore, je savais que je n’entrerai pas dans une seule case, que je prendrai un peu de tout et beaucoup de moi pour faire quelque chose qui me ressemble.
Déjà, la communication était assimilée à ses outils, aux techniques de communication, c’est-à-dire les médias qui à l’époque se résumaient quasiment à la radio, la presse écrite et la télévision. Aujourd’hui, quand on parle de la communication comme secteur d’activité, on pense immédiatement à la communication digitale. Elle est plus que jamais assimilée à ses outils qui sont partout, nombreux et omniprésents. Seulement voilà, ils font tellement de bruit qu’on n’entend plus rien.
La communication est un joyeux bordel
Stop ! De quoi parlons-nous ? Loin de moi l’idée de vous présenter mes vœux en vous faisant une analyse sociologique des outils de communication actuels, j’en serais d’ailleurs bien incapable.
Ce que je nous souhaite collectivement pour cette nouvelle année c’est de ne plus résumer la communication à ses outils mais de retrouver, de soigner et de savourer à nouveau notre vraie communication. Celle qui nous permet de nous exprimer avec justesse et authenticité ; celle par qui on transmet et on partage des idées, des émotions, des valeurs, des pensées ; celle qui nous met en lien, par qui nous entrons en relation. Celle qui fait appel à tous nos sens, qui nous procure des émotions, qui nous fait réfléchir, avancer, évoluer.
Mais pour y parvenir, il faut être conscient que la communication c’est schématiquement : un émetteur, un message et un récepteur. Dit comme ça, ça a l’air simple, mais au milieu, tout est source d’interprétation, de filtres conscients et inconscients, d’intentions, de codes et décodages, de cadres de référence différents, de contexte, de bruits parasites, de feed-back, et oui, de canal (ce sont nos fameux outils de communication). Et je ne vous parle même pas de la communication non verbale qui nous fait communiquer sans même le vouloir, ni de nos énergies respectives qui s’influencent mutuellement. C’est un joyeux bordel continu !
Toute communication commence par soi
Avant de communiquer, je vous conseille de vous taire, de vous poser, de respirer profondément pour parvenir à vous écouter, vous. Pour bien communiquer, il faut bien se connaître. Vous vous apprêter à être l’émetteur d’un message destiné à un récepteur. Pour que ce dernier reçoive votre message avec l’intention que vous y avez mise, il va falloir se détendre. Que voulez-vous dire ? Pourquoi ? À qui ? Quand ? Avec quelles intentions, quels objectifs, quelles attentes ? Comment ? Avec une communication orale, écrite, visuelle, individuelle, collective ? Et en fonction des réponses à toutes ces questions, il sera alors temps de décider par quel canal il est opportun de communiquer. Avouez qu’on a tendance à faire l’inverse !
Communiquer c’est aussi (et surtout) écouter
Communiquer, c’est d’abord s’écouter soi pour savoir ce que l’on veut dire mais c’est aussi écouter l’autre pour comprendre ce qu’il veut nous dire (et non pas pour répondre). Point de communication juste et authentique sans une écoute remplie d’empathie et de discernement. Comment communiquer avec vous si je ne vous écoute pas réellement ? Si je veux comprendre le message que vous voulez me transmettre, je dois l’écouter en décodant votre langage, c’est-à-dire sans y mettre mes propres filtres, attentes, jugements, cadres de référence, etc. Alors seulement je pourrais vous faire un retour. Un retour n’est pas nécessairement une réponse si mon message ne comportait pas de question ni de demande. Le retour est plutôt un accusé de réception, qui peut différer selon le canal de communication utilisé. Il peut être minime, un sourire, un hochement de tête, une main sur le bras, ou un simple "merci", "je comprends", suffisent à faire comprendre à votre interlocuteur que la communication est bien passée.
Oui, communiquer est tout un art et nous sommes tous des artistes, qu’on le veuille ou non. C’est cet art qui m’intéresse, celui-là qu’inconsciemment j’ai choisi il y a 20 ans. Comme les cordonniers sont souvent les plus mal chaussés, j’espère que vous aurez compris mon message. De mon côté, je me tiens prête à écouter votre retour !